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Photo du rédacteurSofiane MI

Le théâtre de l'Existence


Dans cette vaste scène qu'est notre réalité sociale, je reste un spectateur immobile, observant le ballet absurde de l'existence humaine. Une existence marquée par un enracinement profond dans un système social tacitement érigé en dogme, rigide et ploutocratique, où l'homme, tel un Sisyphe masochiste, s'efforce de survivre sous le poids écrasant d'une hiérarchie qu'il ne remet plus en question. C’est dans cette scotomisation collective, véritable cécité volontaire, que s’est infiltré le capitalisme néolibéral, devenant une force invisible mais omniprésente, mithridatisant peu à peu les consciences. Insidieusement, il les avilit, jusqu'à orchestrer le grand chœur de l'individualisation, où l’humain est décomposé en simple rouage du processus de production.


Dans ce grand théâtre moderne, l'objectif ne semble plus être le sens ou la finalité des actions, mais seulement la perpétuation de cette danse économique infernale. Les biens produits, souvent vides de toute signification réelle, ne sont que des symboles d'une existence qui se réduit à l'apparence, à la surface des choses. Le travailleur social, figure moquée, dénigrée, devient l'incarnation de cette lutte pour préserver un minimum de dignité humaine dans une société qui l'a abandonnée depuis longtemps. Pourtant, ce ridicule qui lui est attribué révèle une vérité bien plus dérangeante : la déshumanisation n’épargne personne.


Mes pensées, distantes des illusions et du confort de la conformité, dénoncent cette comédie-ballet où chacun joue un rôle, souvent sans le savoir. L’individu ne se voit que dans le reflet déformé que lui renvoie la société, sa conscience de soi façonnée par les attentes et les jugements d’autrui. Dans ce jeu de miroirs, les relations humaines deviennent des pantomimes, des caricatures d’interactions authentiques.


Ainsi, ce qui pourrait ressembler à une harmonie, à une chorégraphie bien ordonnée, n’est en réalité qu’une bouffonnerie. Un spectacle grotesque, où l’homme, dépouillé de son humanité, se contente de jouer son rôle sans jamais se demander s’il y a une autre scène possible, un autre script à écrire.

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